Question écrite de Madame Rachel Sobry à BORSUS Willy, Ministre de l’Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l’Innovation, du Numérique, de l’Aménagement du territoire, de l’Agriculture, de l’IFAPME et des Centres de compétences sur ” La formation des apprentis artisans à l’IFAPME “
Monsieur le Ministre,
Depuis septembre 2020, l’IFAPME propose une formation « artisan » dans l’ensemble de ses 16 centres. Il s’agit d’un plan de formation, qui s’étale généralement sur deux ans selon une formule en binôme : un artisan-formateur et un apprenant. L’inscription doit donc s’effectuer à deux, même si les services de l’IFAPME peuvent aider à trouver un artisan-formateur.
Aujourd’hui, il me revient du terrain que les jeunes s’étant lancé dans l’artisanat ont bien souvent du faire le choix entre l’apprentissage en autodidacte ou l’inscription dans une école privée ultra spécialisée, souvent à l’étranger et particulièrement onéreuse. La formation désormais proposée par l’IFAPME semble répondre à un vrai manque, mais parait, à l’heure actuelle, encore peu connue des acteurs du secteur.
Si les premiers diplômés de cette filière ne font qu’arriver, il parait judicieux de les mettre en avant afin de faire connaître celle-ci auprès des potentiels futurs apprenants, mais également des artisans qui souhaiteraient accueillir un apprenti avec un encadrement professionnel et rassurant.
Je me tourne donc vers Monsieur le Ministre afin de faire le point quant à cette formation dispensée dans les centres IFAPME ainsi que sur ses liens avec les acteurs du secteur.
Les premiers « diplômés » sont-ils sortis de cette formation « artisan » ?
Quels sont les premiers chiffres relatifs à cette nouvelle filière ? Combien de personnes s’y sont inscrites ?
Comment a-t-elle été accueillie par les professionnels du secteur ?
La plupart des lauréats du concours « La Vitrine de l’Artisan » ignorent l’existence de cette formation. Comment mieux informer les artisans de Wallonie quant à l’existence de cet encadrement proposé par l’IFAPME ?
Réponse de Monsieur le Ministre Borsus Willy
Le dispositif « Artisan » fait partie de la filière de formation de chef d’entreprise. Il est mis en œuvre depuis la rentrée 2019-2020. Au départ réservé aux métiers de l’artisanat d’art, il a été étendu aux métiers de l’artisanat rare à la rentrée suivante.
La formation « Artisan » est accessible à des apprenants adultes qui ont la possibilité de signer une convention de stage pour apprendre le métier exclusivement auprès d’un artisan-formateur, au sein de son atelier. Un programme spécifique est établi avec l’artisan-formateur pour une durée de 2 ans. L’artisan assure la formation pratique dans son atelier et il dispense également les cours professionnels qui sont normalement donnés en centre de formation IFAPME pour un groupe d’apprenants inscrits dans un même métier.
Pour pallier la charge de formation supplémentaire, l’entreprise, si elle est certifiée « Artisan » par le SPF Économie, peut bénéficier d’une prime mensuelle de 260 euros/mois, soit 3 120 euros/an.
L’apprenant s’inscrit dans l’un des centres de formation IFAPME pour y suivre les cours de gestion et éventuellement, quelques modules connexes proposés par le conseiller pédagogique en charge du secteur.
Depuis sa création en septembre 2019, 13 conventions de stage ont été signées dans différents secteurs : garnisseur-décorateur, céramiste avec et sans tour, artisan en cristallerie/verrerie à chaud, maroquinier, cordonnier-bottier, fondeur en métal, stylisme de meubles, etc.
Le premier apprenant sera diplômé en septembre 2022.
Début juillet, 7 conventions de stage étaient activées. En septembre prochain, les cristalleries du Val-Saint-Lambert devraient ouvrir 3 nouvelles offres de stage en alternance dans le métier de souffleur de cristal et le métier de graveur-tailleur de cristal.
D’autres places de stage devraient s’ouvrir dans les métiers d’artisan réparateur de caravane et camping-car, de céramiste, de fondeur en métal et de cordonnier-chausseur.
Les entreprises visées par le dispositif sont majoritairement de très petites structures.
Le délai de réflexion est dès lors important pour ces candidats artisans-formateurs et ce, malgré l’octroi d’une prime à l’artisan pour soutenir partiellement la charge de formation. C’est pourquoi, un stage de découverte métier d’une semaine est systématiquement proposé à l’artisan et au futur apprenant adulte en amont de la signature de la convention de stage afin de permettre à chacun de confirmer son engagement dans la formation.
Si l’intérêt du dispositif est manifeste pour les artisans, des difficultés d’ordre pédagogique et financier peuvent freiner leur engagement.
Concernant les connexions avec « La vitrine de l’artisan », l’IFAPME participe au concours national en tant que membre du jury de sélection finale et est présente également à la remise des prix.
Cependant, force est de constater que ce concours, soutenu par le SPF Économie, ne donne plus nécessairement autant de visibilité aux organismes participants alors que le concours vise à promouvoir l’artisanat auprès du grand public et à susciter des vocations pour ce secteur. Je ne manquerai pas de relayer cette préoccupation auprès de mon collègue, le Ministre fédéral en charge notamment des Classes moyennes, des Indépendants et des PME, Monsieur David Clarinval.
Par ailleurs, l’IFAPME s’emploie à mettre en visibilité le dispositif « Artisan ». Un dépliant promotionnel a été publié et distribué auprès de plus de 300 artisans wallons et associations d’artisans à partir du Répertoire des artisans belges accessible à l’adresse Internet ci-après : https://repertoireartisans.com
Des actions de communication avec différents partenaires sont réalisées, dont à titre d’exemples : une table ronde avec l’UCM autour de l’artisanat dans le secteur des métiers de bouche, un atelier lors des journées pédagogiques des formateurs autour de la reconnaissance de la qualité d’artisan avec le SPF Économie, une participation de l’IFAPME aux journées portes ouvertes des Cristalleries du Val-Saint-Lambert au printemps dernier, etc.
Un événement rassembleur est envisagé lors de la journée de l’Artisan du 20 novembre prochain. Les artisans-formateurs auront la possibilité de mettre en avant leurs activités et de potentiellement trouver leur candidat apprenant. Des partenaires de l’IFAPME seront invités à rejoindre l’événement promotionnant l’artisanat wallon.
Pour se déployer, la formation « Artisan » tient, plus que pour toute autre formation en alternance, dans la formation de binômes entre un artisan-formateur et un apprenant dans des métiers aussi rares que variés et passionnants.
Ce dispositif est aujourd’hui mis en œuvre pour des métiers de l’artisanat d’art ou de l’artisanat rare voire en péril. Il ne permet pas la standardisation d’un produit de formation reproductible à grande échelle. Du fait de sa nature et des métiers qu’il vise, le dispositif « Artisan » ne peut avoir pour vocation de former un grand nombre d’apprenants.
L’offre et la demande se croisent occasionnellement, autour du même métier de l’artisanat rare et dans une zone géographique restreinte, et la qualité de l’apprentissage individualisé est essentielle.
Cependant, il est essentiel de continuer à soutenir le dispositif déployé par l’IFAPME, qui reste le seul opérateur de formation actif pour ces métiers en Wallonie.
J’y ai réservé ma meilleure attention dans le cadre du Plan de relance de la Wallonie et du Plan Horizon Proximité en veillant à ce que le dispositif, initié en 2019, se poursuive au travers du projet 226 qui vise à créer un plan de formation venant en aide aux commerçants afin d’assurer la pérennité de leur commerce dans les centralités. Dans ce cadre, la démarche artisan-commerçant sera accentuée et les artisans pourront bénéficier complémentairement de formations continues.