Question écrite de Madame Sobry à DOLIMONT Adrien, Ministre du Budget et des Finances, des Aéroports et des Infrastructures sportives sur ” Les éventuelles répercussions de la saturation des aéroports néerlandais sur les aéroports de Charleroi et de Liège “
Monsieur le Ministre,
Depuis quelques semaines, Brussels Airport accueille une nouvelle compagnie, la filiale de KLM, Transavia. Si son arrivée s’est quelque peu précipitée et pouvait se développer rapidement, c’est parce que les Pays-Bas font face à une saturation de leurs principaux aéroports.
Ainsi, les aéroports d’Amsterdam, de Rotterdam et d’Eindhoven tournent au maximum de slots autorisés. Le monde aérien néerlandais risque de connaître encore davantage de turbulences dans le futur puisque les aéroports du pays connaissent une crise de personnel sans précédent, mais aussi parce que le débat politique autour de la diminution de slots par aéroport y fait rage.
Si Zaventem semble tirer son épingle du jeu de la situation, nos deux aéroports de Charleroi et de Liège pourraient, eux aussi, espérer en profiter. En effet, outre les éventuelles opportunités d’attirer de nouvelles compagnies aériennes, de nombreux voyageurs néerlandais pourrait être tentés de s’envoler désormais depuis nos aéroports wallons qui couvrent un grand nombre de destinations d’Europe, en particulier du bassin méditerranéen, soit les destinations phares de Transavia et d’autres compagnies qui volent depuis les Pays-Bas.
Monsieur le Ministre a pu indiquer que l’aéroport de Charleroi ne subit pas le problème vécu par les aéroports néerlandais, car l’aéroport :
– n’a pas procédé à des licenciements et a pu recruter du personnel en urgence ;
– gère l’ensemble des activités en propres et ne sous-traite pas l’activité d’handling ;
– travaille en étroite collaboration avec le “Wallonie Aerotraining Network” (WAN) permettant de faire preuve de réactivité dans les formations.
Tandis que cette problématique semble être anticipée à l’aéroport de Liège avec le lancement de la structure “Liege Airport Academy”.
Alors que le Gouvernement entend soutenir le développement des aéroports wallons qui constituent des viviers d’emploi importants et des pôles de développement majeurs, j’ai plusieurs questions à adresser à Monsieur le Ministre.
Les aéroports de Liège et de Charleroi tirent-ils profit des répercussions de la saturation des aéroports néerlandais ? Lesquelles ?
Nos aéroports risquent-ils une telle saturation à l’avenir ?
Comment faire de cette situation une opportunité pour nos aéroports ?
Comment y attirer davantage de voyageurs néerlandais ?
Réponse de Monsieur le Ministre DOLIMONT Adrien
Madame la Députée,
À l’heure actuelle, il n’est pas encore envisageable de mesurer l’impact sur les aéroports wallons de la limitation des mouvements à Amsterdam, celle-ci ayant été annoncée fin-juin sans plus de précision.
Néanmoins, à la suite des problèmes rencontrés à l’aéroport d’Amsterdam, la compagnie aérienne TUI a décidé de baser deux avions supplémentaires à Liège depuis le 7 juillet.
Liege Airport semble donc bénéficier en particulier du contexte actuel.
Avec 170 000 passagers transportés en 2019, l’aéroport de Liège est par ailleurs loin d’arriver à saturation.
Concernant l’activité cargo, Liege Airport a connu une croissance de 50 % du tonnage ces deux dernières années en lien avec la crise du coronavirus (croissance de l’e-commerce, report du belly freight vers les avions full cargo, reconnaissance OMS/WFP pour l’Europe dans les crises sanitaires et humanitaires). Ce chiffre se stabilise en 2022 et Liege Airport devrait d’ailleurs connaitre un recul.
Cependant, en vue d’éviter toute congestion future au niveau de ses infrastructures aéroportuaires, Liege Airport a défini un master plan pour accompagner la croissance attendue durant les 20 prochaines années.
Dans le même sens, Liege Airport a lancé le concept de « Liege Airport Academy » dont le but est de permettre aux opérateurs de disposer d’une main-d’œuvre formée aux métiers spécifiques de l’aérien pour accompagner leur développement et éviter une pénurie de personnel qualifié pouvant avoir un impact sur les opérations au sol.
Concernant Charleroi, l’aéroport a profité de la pandémie afin de renégocier les contrats avec Ryanair et Wizzair. Plus de 20 nouvelles destinations ont été ouvertes.
L’aéroport a par ailleurs veillé à prendre des mesures afin de fluidifier les flux de passagers et améliorer son service, via l’ouverture de lignes supplémentaires de contrôle de sécurité et l’engagement de personnel.
Si la croissance devait se poursuivre et aller au-delà des résultats de 2019, l’aéroport a déjà réalisé des études pour la concrétisation d’un master plan. Si les actionnaires l’estimaient nécessaire, ce master plan pourrait être mis en place étape par étape de manière prudente afin de concilier demande des passagers et développement harmonieux dans un contexte général relativement incertain (pandémie, crises géopolitiques, crise économique et énergétique…).