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Le faible recours à certains incitants à l’emploi

12 Sep, 2023

Question orale de Madame Sobry à Madame Morreale, Ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Égalité des chances et des Droits des femmesLe faible recours à certains incitants à l’emploi

Madame la Ministre,

J’aimerais commencer par rappeler quelques chiffres et faits puisque Mme Bernard en a donné quelques-uns. Il y a 223 000 demandeurs d’emploi en Wallonie ; près de 200 000 emplois vacants en Belgique ; 158 métiers en pénurie ; moins d’un chômeur sur 30 se forme à un de ces métiers en pénurie. On peut nous expliquer que les sanctions ne marcheraient pas.

Personnellement, je suis ouverte à toutes les pistes de solution – qu’elles viennent du MR, PS, Ecolo ou même du PTB et l’on attend toujours votre prise de responsabilité – mais il est certain que le système actuel fonctionne tellement bien que les chiffres que je viens de vous citer sont une réalité et qu’aucune autre Région ne nous copie. 

J’aimerais aussi vous demander, Madame Bernard, en quoi le ministre Borsus, lorsqu’il plaide pour des sanctions dans le parcours du chômage, veut « tirer vers le bas les conditions de travail et les revenus en mettant davantage en concurrence les travailleurs sans emploi et avec emploi ». Je n’ai pas bien compris le lien entre les deux.

En quoi proposer une sanction dans le parcours du chômage signifie que l’on veut abaisser les conditions de travail ou les revenus des travailleurs ? J’aimerais que vous preniez, si vous avez le temps dans votre réplique, un petit moment pour m’expliquer ce lien car ce sont des déclarations mensongères, non fondées et, à défaut d’explication, on pourrait penser que le PTB se contente de tenir des propos intolérables – penser qu’un ministre veut détériorer les conditions de travail, je n’ai jamais entendu une chose pareille – en mélangeant simplement tout : l’accompagnement des demandeurs d’emploi, la loi de 1996, les incitants à l’engagement des personnes de plus de 50 ans.

Par contre, ce qui est vrai, et je ne vous l’apprends pas, le taux de vacances d’emploi de notre Région est supérieur à la moyenne européenne. Pour tenter d’y faire face, en particulier de mettre fin aux pénuries dans certaines fonctions, plusieurs mesures, tant régionales que fédérales, ont été lancées.

Au niveau du Fédéral, les allocations « métiers en pénurie » et « mobilité interrégionale » ne rencontrent pas le succès escompté puisqu’elles ont bénéficié à, respectivement, 337 et 83 personnes en un an de temps. Du côté du FOREM, on reste positif jugeant que ces allocations, aussi sous-utilisées qu’elles soient, restent bonnes à prendre.

S’il n’est pas question de vous reprocher le faible recours à ces incitants fédéraux, je m’interroge quant à la contre-production de ces aides et mécanismes toujours plus nombreux.

En effet, il suffit de rechercher sur internet « incitants métiers en pénurie Wallonie » pour se rendre compte qu’il est impossible d’y voir clair entre ces différentes couches d’aide. C’est de nature à entraîner de la confusion dans le chef du chercheur d’emploi, voire de le décourager.

Quelles initiatives concrètes prenez-vous pour faire diminuer le taux de vacances d’emploi, en particulier dans les métiers en pénurie ?

Comment analysez-vous le faible recours aux incitants fédéraux ?

Le même phénomène est-il constaté à l’échelle régionale ?

Quelles mesures prenez-vous pour rendre les aides et incitants plus lisibles et accessibles ?

Réponse de Madame la Ministre Morreale

Concernant le taux de vacances d’emploi et les métiers en pénurie, l’offre de formation du FOREm au sens large – que ce soit dans les centres de formation ou dans les centres de compétence – est déjà orientée sur les métiers en pénurie.

Sur 360 formations offertes par le FOREm, 231 concernent des métiers en pénurie. L’offre de formation de l’IFAPME et du FOREm couvre un nombre considérable de métiers en pénurie, même si certains nécessitent un niveau d’études supérieures.

Les chiffres sur les taux d’insertion des demandeurs d’emploi formés dans les métiers en pénurie et fonctions critiques au sein des compétences relevant de la Wallonie – IFAPME, centres de formation et centres de compétence – sont en progression puisque des taux d’insertion montent à 66 % après six mois et 78 % après 12 mois. Le taux d’insertion monte à 82 % quand la formation inclut un stage. Cela confirme notre vision, notre accélération et la modification que l’on a demandée dans les formations dispensées, dans leur évolution : davantage privilégier les formations les plus courtes possible et avoir des formations qui organisent automatiquement des stages dans les entreprises. Du coup, on voit un taux d’échec beaucoup moins important, soit pendant la formation, soit à la fin.

Précédemment, si l’on mettait des formations un peu plus classiques où les gens restaient en classe, ils pouvaient réussir, mais quand ils rentraient dans la pratique professionnelle, cela ne correspondait pas du tout à leurs aspirations ou ils ne se sentaient pas à l’aise. On avait des taux d’échec, tout le monde était perdant, la personne était frustrée et l’argent public était inutilement investi. De ce point de vue, ces résultats encourageants confortent nos choix, en ce compris le déploiement des différents dispositifs de formation par le milieu du travail. Nous avons réformé le PFI et la FALT. Nous avons travaillé aussi sur « Coup de poing pénuries ».

Ces dispositifs montrent que l’offre de formation du FOREm permet de répondre aux besoins en compétences, en sachant que différentes actions visent à inciter davantage les demandeurs d’emploi à s’inscrire dans les formations menant à des métiers en demande. On a déployé toute une série de mesures ; vous les connaissez, puisque l’on a déjà eu l’occasion d’y répondre et d’en parler longuement dans cette commission ; je vais les citer. Les Mardis d’avenir, organisés par le FOREm, sont des journées actives ou interactives permettant aux demandeurs d’emploi de découvrir des secteurs et des métiers en demande. Je dis « en demande » pour ne pas dire « en pénurie », car j’ai l’impression que, plus on insistera sur le fait de pénurie, moins cela donnera envie aux gens qui finiront par se dire qu’il y a un vrai problème si ce sont des métiers en pénurie.

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