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La sensibilisation à la souscription d’une assurance soins de santé

18 Fév, 2020

Question orale de Mme Sobry à Mme Morreale, Ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Égalité des chances et des Droits des femmes, sur « La sensibilisation à la souscription d’une assurance soins de santé ».

Mme Sobry (MR). – Madame la Ministre, la DKV nous a fourni les résultats de son baromètre annuel. Ce denier est particulièrement interpellant, parce que l’on y apprend que toujours plus de Belges ajournent malheureusement leurs soins de santé et plus particulièrement les 18-34 ans. De façon générale, un Belge sur deux a déjà annulé ou reporté une visite chez un généraliste. « Les Belges plus jeunes sont beaucoup plus susceptibles d’annuler un rendez-vous avec un médecin généraliste que les Belges âgés de 55 ans et plus » nous met en garde le baromètre. Trente-neuf pour cent annulent par manque de temps, 26 % au vu des difficultés pour obtenir un rendez-vous et 21 % annulent leur rendez-vous en raison de difficultés financières.  

Parallèlement à ce constat, il ressort de l’étude que les assurances soins de santé sont, juste après les questions d’héritage, le sujet le moins discuté entre les jeunes et leurs parents. Ainsi, six personnes sur dix estiment que la souscription d’une assurance soins de santé n’est pas une priorité. Ils sont même jusqu’à neuf sur dix à n’envisager de souscrire une assurance soins de santé que lorsqu’ils rencontreront un souci de santé. Plus de trois sur dix avouent attendre que « quelqu’un y pense à leur place ». Il existe pourtant en Belgique un système d’assurance obligatoire en matière de soins de santé, organisé par la sécurité sociale.  

 Pour endiguer ce phénomène, une concertation avec vos homologues du Fédéral et de la Fédération Wallonie-Bruxelles est-elle prévue ? De quelle manière envisagez-vous de conscientiser les Wallons quant à l’importance de souscrire une assurance soins de santé et, en particulier, pour le public des 18-34 ans ? L’AViQ par exemple, au travers de sa branche Bien-être et Santé, peut-elle jouer un rôle pour favoriser cette prise de conscience ?  

Mme Morreale, Ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Égalité des chances et des Droits des femmes. – Madame la Députée, la renonciation aux soins pour des problèmes financiers m’interpelle profondément. L’accessibilité financière aux soins est une matière fédérale, elle dépend de la ministre fédérale de la Santé. Je suis totalement opposée à toute forme de commercialisation des soins de santé. Pour moi, il n’appartient pas au service public de faire la promotion auprès des jeunes de produits qui soient purement commerciaux, régis en plus par des réglementations autres que celles relatives à la santé. Par ailleurs, je ne suis pas convaincue que les problèmes d’accessibilité chez les jeunes pourraient être résolus en souscrivant à une assurance santé. Je partirais de l’exemple repris dans votre question pour étayer ma position.  

Il ressort par exemple de l’étude DKV que 21 % des jeunes de 18 à 34 ans renonceraient à consulter un médecin généraliste pour des raisons financières. Au 1er janvier de cette année, la contribution personnelle pour une visite chez le médecin généraliste est de 1 euro pour les bénéficiaires de l’intervention majorée et de 4 à 6 euros pour les affiliés ordinaires avec et sans dossier médical global. En outre, rappelons que la consultation est gratuite pour les patients qui consultent dans une maison médicale au forfait. Chez DKV, une assurance pour les soins ambulatoires pour un jeune de 35 ans revient à 635,50 euros par an, soit 54 euros par mois. Cette assurance ne concerne que les soins ambulatoires et pas l’hospitalisation. Elle permet d’intervenir à concurrence de 80 % du montant. Quel jeune connaissant des problèmes financiers peut se permettre de débourser 635 euros pour ce type d’assurance ?  

Votre question me permet de rappeler mon attachement à notre sécurité sociale et en particulier à notre système de santé qui a permis pendant la crise de servir de véritable bouée de sauvetage pour un nombre important de citoyens. La sécurité sociale, pour moi, ce n’est pas une assurance comme les autres, elle est régie par un principe de base, la solidarité ; une solidarité entre ceux qui travaillent et ceux qui ne travaillent pas, les personnes en bonne santé et les malades, les jeunes et les personnes âgées. Chacun contribue selon ses moyens et chacun reçoit selon ses besoins. La sécurité sociale profite à l’ensemble de la société parce qu’elle offre une cohésion sociale et elle permet un bon niveau de santé publique. Le maintien d’une sécurité sociale forte est essentiel. Ce n’est pas non plus totalement un acquis chez nous, cela reste un combat, un combat de société, un choix de société aussi dans la manière dont on va contribuer pour financer l’évolution de la sécurité sociale. C’est une lutte qui doit être menée à tous les niveaux : au niveau de l’Union européenne, pour faire barrage à la marchandisation et dans la perspective d’une action plus déterminée en faveur du social ; au niveau fédéral, qui reste celui de la sécurité sociale et qui doit le demeurer en dépit des volontés de scission ou de privatisation.  

En ce qui concerne l’accessibilité financière, les besoins autodéclarés de soins non satisfaits pour des raisons financières sont en augmentation et sont de plus en plus élevés en Belgique et dans les autres pays de l’Union européenne, en particulier au niveau du quintile de revenu le plus faible la situation s’aggrave. Effectivement, plutôt que d’avoir recours à des assurances commerciales, pour moi, il y a lieu de renforcer l’assurance maladie obligatoire. C’est la seule façon de combattre les inégalités.  

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