Question orale de Madame Sobry à Madame Morreale, Ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Égalité des chances et des Droits des femmes, sur ” Les modifications de la stratégie de vaccination en Wallonie suite à l’arrivée imminente de la vaccination en pharmacie “
Madame la Ministre,
En novembre, vous annonciez que des négociations étaient en cours pour permettre aux pharmaciens de vacciner contre le covid. Si l’argument de cette époque, à savoir la volonté d’accélérer la cadence, paraît moins pertinent à ce jour, celui du coût est, par contre, à prendre en compte. L’Écho chiffrait récemment les coûts très importants engendrés par la vaccination dans les grands centres. Selon eux, les vaccins en centre auraient coûté deux fois plus cher qu’en collectivité. Dernièrement, la Commission de la santé de la Chambre a donné son feu vert à un projet de loi qui vise à permettre aux pharmaciens de prescrire et d’administrer le vaccin contre le covid après avoir suivi une formation spécifique. S’il est d’ores et déjà précisé que l’adoption de ce texte n’entraînera pas la fermeture immédiate des centres de vaccination, la stratégie de vaccination wallonne en sera toutefois directement influencée. En effet, la vaccination en pharmacie viendra « concurrencer » celle pratiquée dans les centres. Dès lors, étant donné votre mission d’organisation de la vaccination en Wallonie et que, à ce jour, 78 % des Belges ont été vaccinés contre le covid et 60 % d’entre eux ont reçu leur dose de rappel, j’ai plusieurs questions à vous adresser.
Quels sont les moyens dédicacés et les mesures prises pour adapter la stratégie de vaccination à l’arrivée imminente des pharmaciens dans le schéma organisationnel vaccinal et à la fermeture annoncée pour fin février de quelques-uns des centres de vaccination ? Quels objectifs vous êtes-vous fixés en termes de vaccination ? Vous indiquiez dans la presse que l’organisation de la vaccination contre le covid en Wallonie serait revue et adaptée à la situation épidémique d’avril 2022 et des mois qui suivront. Avez-vous réalisé des évaluations, en ce compris budgétaires, de vos précédentes politiques en matière d’organisation de la vaccination en Wallonie ?
Depuis quelques semaines, l’avenir du testing, du tracing et de la quarantaine, trois éléments particulièrement importants dans le cadre de la lutte contre le covid, fait couler beaucoup d’encre. En effet, après que le commissaire corona, Pedro Facon, a attiré l’attention sur le coût faramineux du testing, à savoir environ 3 millions d’euros par jour, tout le monde semble d’accord sur le fait qu’il faille le repenser pour l’avenir. Rapidement, deux pistes se sont démarquées.
La première vise à intégrer le testing, le tracing et la quarantaine dans le baromètre covid. Ainsi, l’évolution de l’importance de ces outils serait fonction du code couleur en vigueur. La deuxième solution impliquerait davantage les médecins généralistes et la première ligne de manière générale puisqu’on suivrait des indicateurs tels que l’augmentation des consultations de personnes symptomatiques.
À l’heure d’écrire cette question orale, ce point n’avait pas encore été tranché la position de la Wallonie était encore inconnue. Quelle est votre position par rapport à l’avenir du testing, du tracing et de la quarantaine ? Quelles solutions défendez-vous en CIM Santé ? Pour quelles raisons ? Comment contribuez-vous à ce que le testing, le tracing et la quarantaine soient efficaces, tout en coûtant moins cher ?
Réponse de Madame la Ministre MORREALE Christie
Madame la Députée,
À ce stade, il faut se réjouir parce qu’il n’est pas arrivé souvent au cours de ces deux dernières années que nous ayons de bonnes nouvelles et des perspectives pour les prochains mois qui soient réjouissantes, nous permettant de lever les mesures que certains disent attentatoires aux libertés. Nous avons dû, pendant plus de deux ans, prendre des mesures que, en tant que responsable politique, je n’aurais jamais imaginé devoir prendre, de même que je n’aurais jamais imaginé que nous soyons dans une situation aussi compliquée à vivre. La Belgique n’est peut-être pas le modèle idéal en termes de gestion de crise, mais force est de constater que, par rapport à la majorité des pays du monde, la manière dont elle a appréhendé la gestion de la crise et les mesures qui ont été prises convergent. En Chine, les choses sont beaucoup plus autoritaires.
La population belge ne l’aurait pas accepté et les responsables politiques belges n’auraient pas voulu ce type de dispositif. Néanmoins, les mesures relatives au port du masque, à la fermeture de certains établissements, aux différents pass sanitaires – quelle que soit la forme qu’ils aient pris dans quasi tous les pays du monde – ont conduit à des politiques assez identiques. Preuve que soit tout le monde s’est complètement planté, soit qu’il y avait une cohérence à le gérer de cette manière. Chacun doit faire son examen de conscience et faire preuve d’humilité. Des évènements apparaissent au fil des mois, auxquels on n’a pas pensé, et permettent de réinventer l’histoire. Il faut peut-être profiter d’un moment où l’on peut se poser pour examiner de façon plus sereine la manière dont on peut appréhender d’éventuelles crises à survenir. On l’a d’ailleurs fait à propos des maisons de repos.
Toutes les discussions qui ont animé les travaux de ce Parlement ont conduit à prendre des mesures pour réajuster le tir en cas de crise majeure dans le secteur des établissements de soins et nous ont aidés, non pas à gérer la situation, mais à essayer de mieux l’apprivoiser et à diminuer l’impact en termes de mortalité et de sévérité de la crise. Je partage avec vous le fait qu’il serait peut-être intéressant dans les prochains mois de se poser sur le CST. Je n’ai aucune difficulté. Le ministre-président vous a transmis, il y a plusieurs semaines, les rapports d’évaluation en France, en Allemagne et aux Pays-Bas. Il y a des rapports de Sciensano et des discussions assez longues qui ont eu lieu à la Chambre sur l’obligation vaccinale et le CST. Des évaluations ont été transmises par le Commissariat corona au niveau fédéral et peuvent sans doute servir de réflexion à l’ensemble des députés pour se forger une opinion si nous devions être amenés à revivre une situation épidémique aiguë qui nécessitait de protéger à nouveau la population et de s’assurer de diminuer le risque quand c’est possible en fonction de la nature du virus et de la manière dont il se propage, dont on le contracte et dont arrive à le freiner de manière préventive via la vaccination ou bien a posteriori via des médicaments qui viendraient compléter l’arsenal dont on dispose aujourd’hui.
Le CODECO de vendredi dernier a rappelé que, tout en tenant compte des recommandations et des résolutions des débats parlementaires, il se penchera dans les plus brefs délais sur la plus-value épidémiologique du CST et sur sa place au sein du baromètre. Une éventuelle réactivation du CST ne pourra se faire que dans le cadre d’une situation d’urgence épidémique, moyennant des accords au sein du Comité de concertation. On peut tout à fait avoir une discussion sereine sur cet élément et sur son évaluation, et peut-être avoir des modèles mathématiques.