Question écrite de Madame Sobry à Madame Morreale, Ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Égalité des chances et des Droits des femmes, sur “Le recours d’une mutuelle à un site comportant du contenu pornographique pour informer les jeunes sur des questions sanitaires et sexuelles“
Madame la Ministre,
Les initiatives pour faire passer des messages de prévention ou d’information en matière de santé sont nombreuses et la plupart d’entre elles sont réjouissantes. Ainsi, il est désormais fréquent que des personnalités, que ce soient des chanteurs, des sportifs ou encore des influenceurs, se prêtent à ce jeu. Cela a notamment été le cas durant la crise du Covid-19.
Pour parler de sexualité et d’hygiène auprès des jeunes de 18 à 24 ans, la mutualité chrétienne flamande vient de se créer un compte sur la plateforme Onlyfans pour y relayer des vidéos d’une mannequin Playboy. S’il s’agit d’un réseau social qui se veut généraliste, il est principalement connu pour héberger du contenu érotique et pornographique. C’est d’ailleurs parce que leurs vidéos auraient été censurées sur les réseaux sociaux classiques que la mutualité a opté pour cette voie.
À l’heure où les dérives de la pornographie sur la vie sexuelle des jeunes sont de plus en plus souvent dénoncées, il est étonnant qu’un acteur de la santé attire des jeunes vers ce type de plateformes. Alors que je sais Madame la Ministre proactive en ce qui concerne la prévention et la promotion de la santé, j’ai plusieurs questions à lui adresser.
Quelle est sa position quant à l’utilisation de tels canaux de communication dans le cadre de messages de santé ?
Quelles actions mène-t-elle pour éviter les dérives en la matière ?
Concrètement, de telles initiatives pourraient-elles voir le jour en Wallonie ?
Réponse de Madame la Ministre Morreale
Selon mes informations, la Mutualité chrétienne flamande « a demandé à Veerle Peeters de réaliser des petits films éducatifs destinés à un public jeune. L’objectif est de leur offrir gratuitement des conseils sur leur santé sexuelle et leur bien-être mental, en brisant les tabous et les mythes, mais aussi et surtout en pointant les fake news qui circulent sur les réseaux sociaux au sujet de la sexualité. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la Mutualité chrétienne a baptisé son compte « OnlyFacts », « Uniquement des faits », à propos desquels les jeunes pourront par ailleurs obtenir plus de détails via un nouveau site web que la mutuelle a lancé en parallèle. » (https://daardaar.be/rubriques/societe/la-mutualite-chretienne-de-flandre-engage-une-creatrice-de-contenu-erotique-pour-informer-les-jeunes-sur-leur-sexualite/).
Ce n’est pas la première initiative du genre. En effet, en 2020, le Gouvernement néo-zélandais a financé une campagne (Keep it real online) afin de sensibiliser les parents aux dangers d’internet pour les enfants, qu’il s’agisse de pornographie, de pédopiégeage ou encore de harcèlement. La campagne comprenait notamment une capsule vidéo mettant en scène deux acteurs de films pornographiques pour attirer l’attention des parents sur le fait que c’est au travers de la pornographie que de nombreux jeunes font leur éducation sexuelle.
Ainsi, c’est de plus en plus courant de voir que les campagnes de sensibilisation/prévention sont adressées au public-cible dans les endroits que fréquente ce public-cible afin d’être la plus impactante. C’est ce qui se rapproche de la réduction des risques lorsqu’il est question d’usage de drogue par exemple, et qui considère les contextes de consommation au moins aussi déterminants que les produits eux-mêmes.
D’ailleurs, il serait souhaitable qu’au début de chaque contenu pornographique disponible sur Internet, il y ait un message expliquant que ce contenu ne reflète nullement la réalité et comprenne un lien vers un site internet communiquant des informations scientifiquement fiables sur la santé sexuelle.
Pour ma part, je n’ai pas de droit de regard sur les campagnes menées par les organismes assureurs en Région wallonne sauf si l’un d’eux est un opérateur agréé en promotion de la santé.
En outre, les opérateurs agréés en promotion de la santé inscrivent tous leurs actions dans la programmation en promotion de la santé. Ils communiqueront bientôt leurs plans d’actions coordonnés qui nous permettra d’avoir vu des actions concrètes envisagées. Si celles-ci ne devaient pas convenir, car par exemple, elles manqueraient de bases scientifiques, alors, nous les réorienterons.
Pour l’heure, en Région wallonne, nous avons déjà un opérateur en santé sexuelle qui s’adresse aux jeunes par le biais de sa chaine « Moules Frites » disponible sur YouTube, Instagram, Facebook, Tiktok, Spotify, Soundcloud et Deezer. Nous le savons bien, les réseaux sociaux sont les milieux de vie virtuels des jeunes.