Question d’actualité de Madame Sobry à Madame Morreale, Ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Égalité des chances et des Droits des femmes, sur “La hausse des admissions de force en psychiatrie, particulièrement chez les jeunes”
Madame la Ministre,
Les admissions de force en soins psychiatriques sont en augmentation. On en compte aujourd’hui, en Belgique, 20 chaque jour, d’après les chiffres récemment publiés par le SPF Santé publique. Ces admissions forcées ne représentent qu’un dixième du total des admissions. Ce qui semble encore plus inquiétant dans ce nombre est que, parmi ces 20 personnes admises de force en soins psychiatriques, l’on constate qu’il y a de plus en plus de jeunes.
Cela semble corroborer les différents rapports et études qui ont été publiés ces derniers mois au sujet de la santé mentale de nos jeunes. Naturellement, cette hausse du nombre d’admissions en soins psychiatriques entraîne une surcharge des soins de santé mentale. Cette surcharge a des répercussions sur d’autres secteurs ; je pense notamment à celui de l’aide à la jeunesse. Je sais qu’il s’agit ici d’une problématique étalée sur plusieurs compétences et sur plusieurs niveaux de pouvoirs.
Dans le cadre des compétences qui sont les vôtres, Madame la Ministre, comment analysez-vous ces chiffres ?
Surtout, quelles mesures concrètes peut-on prendre, notamment en termes de prévention, pour endiguer ce phénomène ?
Réponse de Madame la Ministre Morreale
il s’agit d’une loi fédérale de 1990 fixant les règles en matière de mise en observation des personnes contraintes de se rendre dans une institution psychiatrique. Je plante le décor en disant qu’ il est vrai que la santé mentale est un peu le baromètre de la population.
Des crises successives conduisent des gens à se sentir moins bien et à avoir des moments de décompensation, des moments de mal-être qui s’expriment à travers tous les services que nous avons. Que ce soit les hôpitaux, l’aide, le soin, les écoles, les services sociaux, tout le monde nous dit qu’il y a, dans la population, un problème relatif à la santé mentale.
Finalement, on apprend rien, si ce n’est que, dans le cadre du covid, en avril 2020, quand nous avions dit que la deuxième vague serait la vague de la santé mentale, c’était sans imaginer que le covid allait nous prendre deux ans et que nous serions frappés à la fois par des inondations, des augmentations de prix et une guerre sur le continent européen. Tous ces facteurs-là font que le climat est anxiogène et que les gens ont besoin de soutien. Nous avons renforcé massivement les moyens en matière de santé mentale.
La Wallonie a aussi apporté clairement sa pierre à l’édifice à travers des dizaines de millions d’euros qui ont été mis en place en prévention du suicide, en prévention en suivi de services de santé mentale. Malgré tout, la situation est compliquée chez eux puisqu’il y a énormément de demandes. Nous essayons d’y répondre en nous associant aussi avec le Fédéral. Nous avons une réforme de la santé mentale que nous avons fait passer au Gouvernement en première lecture, et je peux vous annoncer que la deuxième lecture arrivera normalement dans le courant de ce mois de mars pour avancer sur cette réforme qui permettra aussi une meilleure articulation avec la première ligne.
Je termine en vous disant que nous voulons aussi lancer des projets « Territoires zéro sans-abri », mais quand je me rends dans ces endroits, je suis frappée par le fait que beaucoup de personnes présentent des problèmes de santé mentale. En réalité, elles ne devraient pas se retrouver dans ces endroits ; elles y sont parce qu’elles sont malades et nous devons pouvoir les prendre en charge d’une autre manière.
C’est quelque part l’échec de la prise en charge de la santé mentale qui explique la présence de ces personnes. Ce sera un point d’attention dans le cadre de cet appel que nous allons lancer prochainement.