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Interdiction de l’écriture inclusive dans les écoles françaises

18 Mai, 2021

Question de  Rachel Sobry à  Caroline Désir, Ministre de l’Éducation, intitulée: “Interdiction de l’écriture inclusive dans les écoles françaises”

 

Mme Rachel Sobry (MR). – Récemment, le ministre français de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer a pris position contre l’écriture inclusive qui fait débat depuis plusieurs mois, avant de la proscrire par le biais de la circulaire du 5 mai 2021 adressée à aux écoles et relative aux règles de féminisation dans les actes administratifs du ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports et les pratiques d’enseignement. D’après lui, ce type d’écriture complexifie encore davantage la langue française, la rendant même illisible pour certains enfants ou adultes qui apprennent la langue française. Cette manière d’écrire peut alors avoir un effet néfaste, puisqu’elle exclut plus qu’elle n’inclut, laissant sur la touche les enfants dyslexiques ou dont le français n’est pas la langue maternelle.

Je me positionne régulièrement en faveur d’une égalité entre les hommes et les femmes à tous les niveaux. Toutefois, l’usage de l’écriture inclusive ne semble pas vraiment améliorer la place de la femme dans notre société. Au lieu de cela, elle alourdit et complexifie l’usage du français. Si la féminisation des métiers revêt une importance primordiale et particulière, une utilisation systématique de l’écriture inclusive pourrait avoir des conséquences sur le plan des apprentissages. À l’occasion d’une question qui vous a été adressée par Mme Roberty au sein de notre commission, le 17 décembre 2019, vous souligniez, Madame la Ministre, que la lutte contre les exclusions devait «s’intégrer de manière globale.» La sensibilisation des élèves à la lutte contre le racisme, contre l’inégalité des genres ainsi qu’aux mouvements Lesbian, Gay, Bisexual, Transgender, Queer+ (LGBTQ+) doit, notamment, faire partie intégrante des cursus scolaires.

Alors que dans la Déclaration de politique communautaire (DPC), le gouvernement s’engage à sensibiliser les élèves à ces problématiques, la question de l’écriture inclusive n’y est pas abordée.

Quelle est votre position vis-à-vis de l’écriture inclusive à l’école? Cette écriture fait-elle l’objet de débats ou de discussions au sein de votre ministère et avec Wallonie-Bruxelles Enseignement (WBE)? Avez-vous eu écho de l’utilisation de l’écriture inclusive au sein d’écoles de notre Fédération? À l’instar de ce que votre homologue français entreprend, une telle interdiction est-elle envisageable en Fédération Wallonie-Bruxelles?

Mme Caroline Désir, ministre de l’Éducation. – Depuis quelques années déjà, de nouvelles pratiques linguistiques se développent avec des formulations diverses relevant de ce qu’on appelle le langage inclusif ou non sexiste. Ces innovations sont inspirées par la préoccupation légitime d’un traitement plus égalitaire des femmes et des hommes dans la langue. Néanmoins, une difficulté a surgi: ces propositions ne sont pas équivalentes ni toujours cohérentes avec les principes de fonctionnement de la langue. Le débat se concentre malheureusement trop sur l’emploi des doublets abrégés par des points médians ou des barres obliques.

Dans un avis de mars 2018, le Conseil de la langue française et de la politique linguistique souligne que «ces techniques altèrent la lisibilité des textes et contreviennent à un autre principe de l’écriture citoyenne: rendre les écrits accessibles à tous, femmes et hommes, aux producteurs comme aux destinataires.» Pour le Conseil, «l’introduction dans la scolarité de ces nouvelles normes […] ne pourrait que complexifier l’intégration par les élèves des règles d’accord classiques.» Les formes abrégées ont donc pour effet d’alourdir la charge que représente déjà l’orthographe française.

Toutefois, l’écriture inclusive représente également et surtout l’emploi de techniques de rédaction non sexistes: par exemple, celle qui consiste à utiliser systématiquement les règles relatives à la féminisation des noms de métiers ou de fonctions ou, lorsqu’il s’agit de groupes mixtes, celle qui consiste à préférer des formulations épicènes lorsqu’elles sont disponibles. Ma préférence va très nettement à cette seconde option. À ce sujet, des outils très intéressants sont à la disposition du corps enseignant et des directions d’école.

Je citerais, pour l’exemple, les ouvrages s’intitulant respectivement «Inclure sans exclure: les bonnes pratiques de rédaction inclusive» et «Mettre au féminin, guide de féminisation des noms de métier, fonction, grade et titre». Ces deux publications émanent du Service de la langue française du ministère de la Communauté française. Je n’ai pas reçu d’informations me revenant des écoles ou des pouvoirs organisateurs à propos de l’emploi de points médians, qui semblent être à l’origine des difficultés.

J’en terminerais en rappelant que l’action de l’école en faveur de l’égalité entre les filles et les garçons doit s’inscrire dans un vaste plan d’action qui comprend notamment la formation de l’ensemble des personnels, la transmission d’une culture de l’égalité, la lutte contre les stéréotypes sexistes et sexuels et une politique d’orientation en faveur d’une plus grande mixité des filières et des métiers. Les divers chantiers du Pacte pour un enseignement d’excellence en sont une belle traduction.

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