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La préparation à la reconversion par et pour les entreprises

18 Avr, 2023

Question orale de Madame Sobry à Monsieur BORSUS Willy, Ministre de l’Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l’Innovation, du Numérique, de l’Aménagement du territoire, de l’Agriculture, de l’IFAPME et des Centres de compétences sur “La préparation à la reconversion par et pour les entreprises “

    Monsieur le Ministre,

    La transition numérique des entreprises est un défi dont vous avez, depuis le début de la législature, mesuré toute l’importance, en attestent vos nombreuses initiatives en la matière. Il y a quelques semaines, en séance plénière, j’avais souligné, sur base des résultats du baromètre numérique 2022, à quel point les entreprises pêchaient en ce qui concerne la formation au numérique de leurs employés. Si je vous reviens sur le sujet, c’est parce que la Fédération des entreprises de Belgique, la Fédération de l’industrie technologique Agoria et le cabinet Deloitte, ont récemment publié un rapport selon lequel pas moins de 477 000 emplois seraient créés d’ici 2030, en lien avec les évolutions technologiques.

    Par ailleurs, environ 126 000 d’emplois devraient disparaître durant ce même laps de temps, en raison de l’avènement de l’intelligence artificielle et de l’automatisation. Cependant, la balance est largement positive en termes de création d’emplois.

    Comme le Gouvernement entend veiller au déploiement de dispositifs d’adaptation et de perfectionnement des compétences, ce que l’on appelle l’upskilling, pour accompagner les entreprises et leurs salariés dont l’activité sera profondément affectée par un changement technologique important, j’ai plusieurs questions à vous adresser.

    Avez-vous pris connaissance du rapport précité ? Comment l’analysez-vous ? Comment sensibiliser les entreprises à la nécessité de davantage former leurs employés et leurs collaborateurs à élargir leurs compétences ? Quelles initiatives prenez-vous pour favoriser la reconversion des entreprises et de leurs travailleurs et ainsi répondre à la forte demande à venir ?

    Réponse de Monsieur le Ministre BORSUS

    J’ai bien pris connaissance de ce rapport qui est une réactualisation d’une étude Be The Change dont la première mouture était sortie en 2018 et qui va dans le même sens, amplifiant même les constats et les perspectives de l’étude initiale. Au-delà des chiffres que vous citez, cette étude met le doigt sur un enjeu croissant et crucial : celui de la pénurie de profils qualifiés et numériquement compétents sur le marché de l’emploi.

    L’étude pointe d’importants problèmes de recrutement qui en découlent et auxquels sont confrontés de plus en plus d’entreprises avec, par conséquent, la nécessité d’adapter l’offre de formation, qu’il s’agisse de la formation initiale, de la requalification de la formation tout au long de la carrière ou bien encore de l’accompagnement des demandeurs d’emploi. Il est crucial également de développer les compétences numériques des travailleurs en incluant dans les référentiels de formation, d’une part, des compétences numériques transversales quelle que soient les formations et aussi, d’autre part, à travers l’accompagnement qu’au long de la carrière ou bien en phase de reconversion, les travailleurs doivent pouvoir obtenir.

    À cet égard, le dernier baromètre entreprises de l’AdN relève qu’en 2022, seulement 22 % des entreprises employant du personnel déclarent avoir formé au moins un collaborateur dans un domaine numérique entre 2020 et 2022, soit 10 % de moins qu’en 2020. L’explication semble être la perception que les dirigeants ont de l’importance de former leurs collaborateurs au numérique : 45 % des dirigeants d’entreprise considèrent le numérique comme une opportunité – les chiffres sont ici en augmentation –, c’est plus de 10 % par rapport à 2020.

    La formation numérique n’apparaît toutefois qu’en troisième place au rang des leviers pour une transformation numérique réussie de l’entreprise. Pour sensibiliser davantage les entreprises et les employeurs, le projet pilote UpSkills Wallonia a pointé deux éléments intéressants. D’une part, il montre la nécessité pour les entreprises de se tourner vers une stratégie interne à l’entreprise d’upskilling, voire de reskilling, puisqu’elles ne trouvent pas sur le marché de l’emploi les profils qualifiés recherchés. Il faut avoir une démarche de formation interne, confiée peut-être à un opérateur extérieur.

    Cette démarche internalisée à l’entreprise paraît être une des pistes intéressantes. D’autre part, le projet pilote pointe le manque de recours aux formations existantes par les entreprises, sans doute parce qu’elles ne les identifient pas assez comme une opportunité pour réussir leur propre transformation numérique d’entreprise. Afin de sensibiliser davantage les employeurs à cette nécessité, une des pistes envisagées est d’amplifier le programme Leadership numérique. Ce programme a déjà été expérimenté, avec succès, auprès d’un groupe limité à ce stade, soit 200 entreprises ; ce programme, exclusivement réservé aux dirigeants d’entreprises, leur propose de participer à un atelier dit d’onboarding leur permettant de développer un plan de transformation numérique de leur entreprise.

    Ce plan inclut aussi une stratégie de change management et un plan de formation pour le personnel. J’ai souhaité dégager un budget de 245 000 euros en 2023 pour, complémentairement, intensifier ce programme ; mais d’autres initiatives découleront des conclusions et recommandations du projet pilote UpSkills Wallonia, notamment en vue de toucher plus et davantage les petites et moyennes entreprises.

    Trois axes d’actions sont identifiés :

    sensibiliser les dirigeants, car il est nécessaire qu’ils se saisissent eux-mêmes pleinement du numérique et qu’ils le considèrent comme une opportunité pour développer leurs activités, ce qui nécessite le développement de compétences internes.

    compléter les outils, et la boîte à outils à disposition pour que ceux-ci puissent mobiliser des ressources spécifiques dont ils ont réellement besoin. Je rappelle qu’il y a aujourd’hui des chèques entreprises : relance par le numérique, et d’autres encore qui sont aujourd’hui accessibles. L’idée est d’avoir un chèque-entreprise complémentaire et spécifique, la mise à disposition de méthodes adaptées et la communication plus ciblée des valeurs d’exemple de transformations de certaines entreprises.

    construire un programme adapté aux entreprises non technologiques de moins de 50 travailleurs en concertation avec un panel de dirigeants représentatifs du tissu économique wallon est également sur la table des recommandations formulées à l’issue de ce projet pilote. Je pense que, indépendamment de l’action concernant les STEM ou les STEAM de façon générale, un certain nombre de mesures plus ciblées, de leviers qui résultent des analyses dont nous disposons aujourd’hui – les analyses d’Agoria et de l’AdN – et de conclusions de ce projet UpSkills Wallonia doivent être mis en œuvre si l’on veut réussir ce tournant de la transformation digitale et numérique de notre monde économique.

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